Dernier vestige visible d’Isarnodurum, le temple est aussi l’unique monument d’époque antique conservé dans le département de l’Ain. Classé Monuments historiques en 1840, il retient l’intérêt des archéologues et érudits de tous poils depuis le 17e siècle.
Le premier temple :
Les recherches menées sur le site ont mis en évidence l’existence de deux états de construction. L’aspect général du premier temple, érigé au cours du 1er siècle de notre ère, nous échappe en grande partie. Les murs extérieurs de cet édifice, construits en petit appareil et conservés sur 50 cm de hauteur, forment un rectangle de 17,5 m de long sur 15 m de large. La découverte de fragments de chapiteaux et de corniches sculptés permet d’imaginer un édifice monumental d’ordre corinthien. Des éléments de revêtements en marbre et des fragments d’enduits peints laissent entrevoir un décor d’une grande richesse.
Fragment de corniche ornée de feuilles d’acanthe, calcaire, 33 x 25 cm, 1er siècle
Le second temple
L’essentiel des vestiges visibles actuellement appartient au second état du monument, érigé en grand appareil entre la fin du 1er et le 2e siècles. Un podium haut de 2,80 m, dont le profil est entièrement conservé sous les piliers, conférait sa monumentalité à l’édifice. Un grand escalier courait le long de la façade orientale. Des piliers à colonnes engagées s’élevaient aux quatre coins de la construction. Trois de ces piliers culminent toujours à 9 mètres au-dessus du sol. Les fondations du mur stylobate et quelques fûts erratiques permettent de restituer une colonnade entre les piliers d’angle. Les fondations de la cella (pièce réservée à la statue du dieu) furent restaurées en 1910. Durant ces travaux, Emile Channel rapatria sur le site plusieurs blocs antiques trouvés en réemplois dans le village.
Durant plusieurs centaines d’années, le temple servit de carrière de pierres aux habitants d’Izernore. Plusieurs exemples de cette pratique du réemploi sont toujours visibles à Izernore, comme la croix de la Place de l’Eglise, érigée sur une colonne antique en 1610.
Un temple sans dieu
L’identité de la divinité à laquelle le temple fut consacré reste un mystère. Une inscription votive, provenant du village voisin de Matafelon-Granges, et certains noms de lieux proches (« vi de mare ») ont laissé penser que le sanctuaire était dédié à Mars, dieu de la guerre. Une inscription mentionnant Mercure, signalée dans la cour du presbytère d’Izernore au 17e siècle, a plaidé pour le dieu du commerce. Certains ont même reconnu une déesse dans un doigt en bronze découvert sur le site ! Les différentes hypothèses restent cependant fragiles, d’autant que le temple aujourd’hui visible n’est pas le seul lieu de culte que comptait Isarnodurum.
Inscription votive mentionnant Mercure